Les matières sèches pour les mises en bouteilles sont en cave et nous ne sommes plus dépendants des ruptures d'approvisionnement.
La taille avance doucement et tout va bien dans les vignes. Le froid empêche les bourgeons de démarrer. Les travaux de notre point d'accueil et de vente ont pris du retard mais un plan B est en cours de réalisation.
Les plantations d'arbres sont faites: 1000 arbres cette année. Nous en avons prévu le double pour l'an prochain. Le paillage du sol va commencer pour protéger cet investissement sur l'avenir et lui permettre de prospérer malgré la sécheresse.
Tout peut disparaître en un instant, le point de bascule ne dépend plus de nous, mais du ciel et surtout de la pluie. Avec moins de 100 mm d'eau en 11 mois, le climat devient réellement -et pour la première fois- DÉSERTIQUE!
S'il ne pleut pas significativement d'ici 3 mois les vendanges seront très largement impactées et ce sera la catastrophe pour notre profession. Alors, nous nous engageons (et enrageons) un peu plus, pour nous, pour nous tous!
Le feu qui nous anime nous procure une énergie, une vitalité, et souvent, une clairvoyance constructive mais désabusée.
Quand nous sculptons les ceps, dans le froid et le vent et qu'un nuage passe, je ne vois plus la promesse de l'eau à venir mais un doigt d'honneur de nos dirigeants à tous les citoyens du monde. La Cop 21 c'est de la poudre aux yeux.
Ces derniers jours devant mon nez, sur une souche, et pourtant presque invisible, il y avait une espèce en voie de disparition: le diablotin (Empousa Pennata).
J'aurais dû songer aux personnages qu'il a suscité, à sa beauté, à la personnification du bien et du mal et à son utilisation à des fins douteuses, mais je suis immédiatement parti sur le changement climatique, les modes de cultures, les produits phytos et la destruction de son habitat.
Pour lui, mon maigre et tout petit espoir, est qu'il réside (et résiste) avec nous au Champ des Sœurs et que nous ne capitulerons pas.
Nos gestes, notre mode de vie, le climat, évoluent et nous faisons des erreurs, des compromis, en voulant bien faire.
Mais si nous faisons l'autruche en nous déconnectant de la réalité, en l'abandonnant à d'autres, nous disparaîtrons immanquablement. Forts de ce constat nous avons la volonté de résister et de résider au Champ des Sœurs pour favoriser ce changement que nous voulons voir dans le monde.
Alors, si d'aventure vous passez près de chez nous, nous serons heureux de vous montrer ce que nous faisons et nous le partagerons avec vous "car la connaissance est une richesse que l'on peut donner sans s'appauvrir" (Nuccio Ordine)
Bises,
Laurent Maynadier